Dans les années 1880, pour éviter la saisie des meubles des locataires impécunieux, les anarchistes organisent les déménagements à la cloche de bois «  celle qui ne sonne pas  ». L’anarchiste Pennelier fonde en 1903 le Syndicat des Locataires de la CGT, avec un programme juridique qui reprend les modes d’action de la défunte Ligue des Antiproprios. L’Union syndicale des Locataires Ouvriers et Employés, l’opposé du syndicat des propriétaires, est créée par l’ancien communard Jean Breton en 1910. La ville de Paris compte 11 sections, la banlieue 9. En juin 1911, 3 500 d’adhérents sont affiliés au syndicat.

Né à Chartes le 26 mai 1879, l’ouvrier tapissier anarchiste Georges Cochon est le Trésorier de l’Union syndicale des Locataires ; il sera nommé à sa tête le 15 février 1911. Ce syndicat des locataires, dont le programme est aligné sur celui de Pennelier, exige l’assainissement des logements insalubres, l’insaisissabilité du mobilier, le paiement du loyer à terme échu, la taxation des loyers, la suppression du « denier à dieu  » au concierge. La guerre contre «  Monsieur Vautour » le propriétaire est ouverte.

Quand Cochon signifie à sa proprio son refus de payer le terme d’avance, elle décide de l’expulser. Le 31 décembre 1911, il hisse un drapeau rouge et se barricade avec sa femme et ses enfants. Ravitaillé par les voisins pendant 5 jours, il obtient la levée du siège policier. Le tribunal le condamne à 1 franc d’amende et lui accorde un délai d’un mois pour évacuer les lieux. Mais Cochon n’est jamais à cours d’idées...

Il organise une fanfare, le «  Raffût de Saint-Polycarpe  », plus bruyante que musicale qui accompagne le déménagement des meubles des pauvres menacés de saisie. Georges Cochon mobilise des compagnons du syndicat des charpentiers pour monter rapidement des maisons préfabriquées.

Une famille sera relogée aux jardins des Tuileries dans une baraque de fortune. Cette action motive le vote par le Conseil municipal de Paris, d’un emprunt de 200 millions pour la construction de logements économiques. Continuant ses tours, il fait investir les logements vides des bourgeois et des lieux publics : la cour de la Chambre des députés, l’Hôtel-de-Ville, la caserne Château-d’eau, la Préfecture de police.

L’église de la Madeleine connaît son premier campement sauvage ! L’action de l’Union des locataires s’étend jusqu’à Marseille. En avril 1914, les déménagements « à la cloche de bois » sont interdits par le Tribunal de grande Instance de Paris. La Première Guerre mondiale éclate, Cochon est mobilisé en août 1914.

Retiré en Eure-et-Loire, il vient à Paris, en 1957, pour une émission de radio. A cette occasion Louis Lecoin et May Picqueray réunirent autour de lui quelques vieux militants libertaires. Georges Cochon meurt le 25 avril 1959.